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Clinique et politique

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Olivier Apprill

dimanche 8 décembre 2013

Chers utopsystes,

Pour notre prochaine rencontre le lundi 16 décembre à 20h30 au 27 rue des Bluets (Métro Ménilmontant ou Père Lachaise), nous aurons le plaisir d’accueillir
Olivier Apprill,
psychanalyste et rédacteur en chef d’Arte Magazine
autour de son livre paru en 2013 aux éditions EPEL : « Une avant-garde psychiatrique, le moment GTPSI (1960 -1966) »
Dans cet ouvrage, Olivier Apprill met en perspective le travail de ce groupe dans la construction du mouvement de psychothérapie institutionnelle au sein de la psychiatrie française d’après guerre, nourrie des apports de la psychanalyse et du désaliénisme. Le Groupe de Travail de Psychothérapie et de Sociothérapie Institutionnelle (GTPSI) se fonde après la rupture du groupe de Sèvres (fin des années 1950) qui réunissait la majorité des psychiatres artisans du Secteur (Lebovici, Diatkine, Racamier, Paumelle, Le Guillant, Sivadon, Bonnafé, Tosquelles, Ayme, Oury, Gentis…).
Au début des années 1960, le GTPSI se constitue autour de la clinique de La Borde et de l’hôpital de Saint Alban pour transformer les pratiques asilaires à partir d’un travail sur l’institution qui vise tout autant à soigner l’hôpital que les patients. Pour les participants du GTPSI, l’enjeu est de créer des dispositifs cliniques et institutionnels propices à une psychothérapie des psychoses. En toile de fond, se situe également une lutte de tous les instants contre les phénomènes ségrégatifs, colportés par l’hôpital psychiatrique et par la société, sur la folie.
Cette soirée, au-delà de ce moment central dans l’histoire de la psychiatrie d’après-guerre, nous permettra de penser l’actualité de la psychothérapie institutionnelle dans le champ psychiatrique contemporain.
Si le moment GTPSI est référé aux années 1960, l’articulation entre la clinique psychanalytique des processus psychotiques et la question du politique se pose avec acuité aujourd’hui, d’autant qu’une instance officielle comme la « Haute Autorité de Santé » a pu prendre position contre tout ce champ de pratiques et de pensée lors des recommandations sur la prise en charge de l’autisme.
Paradoxalement ces pratiques, disqualifiées officiellement, ont permis d’ouvrir la psychiatrie sur la cité en rendant les soins psychiques compatibles avec les fondamentaux de la démocratie : liberté de circulation, prises d’initiatives, responsabilisation des patients et des équipes, travail avec les familles, partage de moments de la vie quotidienne... Or, depuis plusieurs années, la psychiatrie se renferme sur des pratiques asilaires modernisées qui, si elles sont « certifiées » par les autorités de tutelle comme « de qualité » n’empêchent pas, voire légitiment, la prolifération des dispositifs de contraintes : fermeture des services à clés, augmentation du nombre de chambres d’isolement, sécurisation des hôpitaux, banalisation des contentions physiques, prolifération des soins sans consentement en ambulatoire…
Alors qu’il est de plus en plus demandé aux patients, aux familles et aux professionnels de s’adapter à cette évolution de l’organisation du champ sanitaire, social et médico-social avec ces perspectives gestionnaire et sécuritaire prépondérantes, a contrario, nous nous efforcerons de penser comment l’organisation du travail doit pouvoir s’adapter aux processus psychotiques pour ouvrir sur de nouveaux possibles. Ainsi, sur quelles praxis et sur quels concepts pouvons-nous nous étayer au quotidien pour inventer des formes propices à cette exigence ?

S’il s’agit de créer les conditions politiques pour que ces pratiques soient possibles, c’est à partir de nos expériences, de nos éprouvés, de nos phénomènes contre-transférentiels que nous avançons pour faire hospitalité à la folie. Ce que Tosquelles aborde lors d’une séance du GTPSI où il met en garde les théoriciens de tous poils quand leurs théories, leurs pratiques ou leurs organisations des soins ne partent pas de la clinique et du rôle princeps de la subjectivité dans les maladies du psychisme :
« La dialectique du transfert se pose et le médecin y fait face avec son contre-transfert et sa science. J’ai fait passer le contre-transfert avant la science parce que c’est là où le bât blesse souvent et fait échouer l’entreprise […] Bref, ceci [la science] serait peut être bien et suffirait, si nos malades n’étaient pas des fous, je veux dire du monde qui parle et qui joue son numéro sans filet sur le cirque de l’inconscient. Je ne vois pas d’autres moyens de les approcher et de réinstaurer chez eux un « vivre avec les autres » que de descendre dans le cirque et jouer avec eux dans les mêmes conditions de danger. »

UTOPSY
www.utopsy.fr
utopsys@yahoo.fr

Ci-joints plusieurs articles en lien avec cette soirée :

- Un article de Pierre Delion sur la psychothérapie institutionnelle, paru dans l’encyclopédie médico-chirurgicale :
http://www.revue-institutions.com/articles/therapeutiquesinstitution.pdf

- Un texte d’introduction sur la psychothérapie institutionnelle de Jean Oury et Ginette Michaud :
http://bibliothequeopa.blogspot.fr/2009/08/psychotherapie-institutionnelle-par.html?m=1

- Un article de Jean Ayme sur l’histoire de la psychothérapie institutionnelle :
http://www.revue-institutions.com/Jean_Ayme-44.pdf

Par ailleurs, Utopsy fait partie du « collectif alternatif formation » qui s’est créé dans la suite des Assises du collectif des 39. Le collectif alternatif formation a été reçu à l’Assemblée Nationale par le député Denys Robiliard, rapporteur de la Mission d’Information sur la Santé Mentale et l’Avenir de la Psychiatrie (MISMAP). Vous trouverez le texte des interventions ici : http://www.utopsy.fr/Collectif-Alternatif-Formation.html
Signalons que le rapport de la MISMAP devrait paraître le 18 décembre 2013.

Les prochains rendez-vous du séminaire d’Utopsy - Clinique et Politique :

Régine Pratt, psychanalyste, viendra nous parler, le lundi 20 janvier 2014, de la méthode d’observation des bébés d’Esther Bick et de sa pratique clinique.

Le mardi 11 février 2014 Joëlle Oury, psychiatre, interviendra autour de son ouvrage Daniel H. La modeste contribution d’un pâtissier à l’équilibre terrestre paru aux éditions Hermann en 2013.

Le lundi 31 mars 2014 nous recevrons Albert Moreau, psychiatre exerçant à Clermont dans l’Oise, qui interviendra autour du secteur infanto-juvénile : utopie, histoire, pratique.

Le lundi 7 avril 2014 nous recevrons Yacine Amhis, psychiatre, psychanalyste à Reims.

Le mercredi 30 avril 2014, Jean Max Gaudillière et Françoise Davoine, psychanalystes, nous parleront de leur pratique et d’un moment de transfert psychotique à travers des histoires cliniques.

Le lundi 5 mai 2014 Benoit Eyraud, maître de conférence en sociologie à l’université Lyon 2, interviendra autour de son ouvrage Protéger et rendre capable, édité en 2013 chez Erès.

Nous aurons aussi le plaisir de recevoir, au printemps 2014 François Pain et Luca Paltrinieri (les dates vous seront prochainement transmises).
Et à la rentrée 2014 interviendront Alain Badiou, Laure Murat...

L’entrée est libre et gratuite.



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