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Claude Nachin

mardi 24 novembre 2015

Chers utopsystes,

Pour la prochaine séance d’Utopsy le lundi 30 novembre 2015 à 20h30 au 27 rue des Bluets (Métro Ménilmontant ou Père Lachaise, entrée libre et gratuite) nous aurons le plaisir d’accueillir :

Claude Nachin,
psychanalyste et ancien psychiatre chef de secteur, auteur de plusieurs ouvrages sur le deuil et les fantômes dont "Le deuil d’amour", "Les fantômes de l’âme", "À l’écoute des fantômes".

Notre dernière séance ayant été annulée - le temps de "reprendre nos esprits" après que l’horreur nous ait touché de si près - Heitor de Macedo n’a pas encore pu nous parler de l’importance de nommer les affects pour construire un espace de pensée, un lieu pour habiter le monde.
Nous repartirons de ces dimensions de l’innommable, de l’indicible et de leurs manifestations dans la clinique de certains deuils par le biais des cryptes et des fantômes.

En considérant qu’un événement est traumatique quand l’effraction engendrée ne peut suffisamment s’inscrire dans deux dimensions fondamentales pour tout être humain - le cadre socio-politique et le tissu dans l’entourage -, qu’en est-il de l’expérience du deuil quand elles sont désarticulées ? La dimension rituelle, nécessaire pour limiter l’intensité des effractions psychiques, si elle ne peut se faire dans la société, dans le groupe humain et par des processus psychiques à l’intérieur du sujet, tentera de se manifester dans des enclaves vécues comme étrangères à lui.

Pour penser cette clinique intriquant le rapport au politique et à l’histoire, l’œuvre de Claude Nachin s’appuie sur les avancées de Maria Torok et Nicolas Abraham. Ces deux psychanalystes ont mis en évidence la dimension cryptique de certaines expériences humaines notamment dans leur livre "l’écorce et le noyau".

Une crypte se constitue à l’intérieur du sujet quand un secret honteux est partagé avec le disparu. Ce secret inavouable qui ne peut être nommé du fait de la honte qu’il engendre sera englouti dans un espace clivé du psychisme où le mort restera vivant -incorporé- avec tous les éléments qui le constituaient (paroles, gestes, sensations...). A certaines périodes, souvent énigmatiques pour le sujet, le mort refera parler de lui en prenant diverses manifestations psycho-pathologiques (obsessions, états maniaques, dépressifs, anxieux, psychotiques...).
Le sujet porteur de cette crypte, pourra la transmettre sous forme de fantôme à des proches (que ce soit un parent à un enfant, entre soignants d’une même équipe, voire un analyste à son analysant)
Nous vous renvoyons aux monographies cliniques présentes dans les livres de Claude Nachin.

Souvent ces secrets honteux ne seront pas non plus reconnus par les thérapeutes voire seront entretenus pas le biais de diverses hypothèses naturalisantes en vogue empêchant de penser les aspects existentiels de toute problématique humaine.
Que ce soit la naturalisation par le psychologisme ou par l’organicité comme en témoignent les hypothèses d’hérédité des troubles psychiques (les exemples les plus actuels étant les composantes organiques des états maniaco-dépressifs, les hypothèses physiologiques sur les dépressions saisonnières...), il est intéressant de connaître ces travaux pour proposer des constructions possibles avec ces patients cryptophores.

Dès lors, comment penser la relation transférentielle pour accompagner les patients dans cette découverte de ce qui est agit par un autre en eux ?

Dans son livre « Sigmund Freud, sa vie, son génie, ses limites », Claude Nachin dit avoir de Freud la passion de la recherche et de Ferenczi la passion du soin. C’est à partir de ce point que nous tenterons de nous tenir avec lui.

Mathieu Bellahsen et Aurore Le Nail pour Utopsy
utopsys@yahoo.fr
www.utopsy.fr

Bibliographie de Claude Nachin

Pour une pratique psychiatrique moderne, Le Centurion, 1982.
Le Deuil d’amour, Les éditions universitaires, 1989 (2e édition, L’Harmattan, 1993).
Les Fantômes de l’âme, L’Harmattan, 1993.
À l’aide, y a un secret dans le placard, Fleurus, 1999.
La Méthode psychanalytique, Armand Colin, 2004.
Sigmund Freud, sa vie, son génie, ses limites, Bréal, 2010.
À l’écoute des fantômes, Fabert, 2010.
(Chapitre) « Unité duelle, cryptes et fantômes », p. 39-51, in J.C. Rouchy (dir.). La Psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, Transition, Erès, 2001.
Maria Torok et Nicolas Abraham, L’écorce et le noyau, Flammarion, 1987



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