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Clinique et politique

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Jean Pierre Martin

dimanche 4 novembre 2012

Pour la prochaine séance du séminaire d’utopsy nous aurons le plaisir de recevoir Jean Pierre Martin, psychiatre de service public, chef de service d’un secteur du centre de Paris. Il a travaillé de nombreuses années dans le nord de la France. Il s’inscrit aujourd’hui, dans les pratiques du mouvement social et dans l’approche des phénomènes de précarité. Il a été membre fondateur de l’association Accueil, il est membre actif du Comité européen : droit, éthique et psychiatrie.

Son intervention aura lieu le lundi 26 novembre à 20H30 puis sera suivi d’un temps de discussion et de débat avec les participants du séminaire.

Il viendra nous parler autour du thème suivant qu’il nous propose :

" La création du secteur psychiatrique s’est étayée d’une double utopie concrète : le désaliénisme et la médecine sociale. Si son application a été en permanence soumise à des contingences économiques et à une vision médico-administrative, et aujourd’hui remise en cause par la gestion néolibérale et sécuritaire, elle a d’abord produit un déplacement du service public de soin hors de l’hôpital et un élargissement des pratiques cliniques. Parce qu’elle posait la question de la tolérance et des rapports politiques avec les autres champs de la société (social, travail, médecine générale, éducation…) Lucien Bonnafé a mis en avant « l’implantation préalable » qui est une façon de poser la question du tiers. Ces organisations du soin et son accompagnement social est l’objet des politiques de santé mentale, reprises par le rapport Demay en 1982 et dans la création de conseils de santé mentale locaux. Cette définition de ce qui fait politique de santé mentale s’oppose donc à son utilisation actuelle comme outil de gestion et de planification, appelée santé mentale positive.
La pratique du secteur que je soutiens passe ainsi par la dimension du travail d’accueil, « d’être présent » dans des situations sociales qui font souffrance psychique, terme qui ne peut cliniquement se confondre avec sa banalisation sociologique et médiatique actuelle. Elle pose la question des lieux de protection et ressources dans la vie sociale, ce qui s’oppose au sécuritaire et aux pratiques d’enfermement qui traitent de l’ordre public non comme une condition de la liberté mais comme une violence stigmatisante de plus.
C’est de cette pratique de secteur et de son lien avec les pratiques de psychothérapie institutionnelle élargies aux différents dispositifs sur le territoire, de sa continuité avec le changement dans le lieu hospitalisation, de son éthique de prendre soin du sujet en souffrance, de sa dimension politique, que je souhaite présenter Psychiatrie dans la ville et La Rue des Précaires.
Jean-Pierre Martin"

Bibliographie :
J-P Martin, La rue des précaires, Eres, Toulouse, 2011.
J-P Martin, Psychiatrie dans la ville, pratiques et clinique de terrain, Toulouse, Eres, 2000.
http://www.scienceshumaines.com/jean-pierre-martin-quels-soins-psychiques-pour-les-sans-abri_fr_27631.html

Les prochaines séances prévues du séminaire d’utopsy :
Lundi 3 décembre 2012
Pierangelo di Vittorio, et Mario Colucci
Pierangelo di Vittorio est philosophe italien et actuellement chercheur dans le cadre du programme de recherche “Construction des catégories de la santé mentale” (C2SM) à Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine de l’Université de Bordeaux
Mario Colucci est psychanalyste et psychiatre au sein du département de santé mentale de Trieste. Il est un des acteurs du Laboratoire de philosophie contemporaine de l’université de Trieste.

Vendredi 11 janvier 2013 (séance exceptionnelle le vendredi)
Pierre Kammerer,
Psychanalyste, superviseur d’équipes éducatives et thérapeutiques, il travaille dans un CMPP de Grenoble.



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