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mercredi 3 septembre 2014
Chers utopsystes,
Pour la rentrée, nous aurons le plaisir d’accueillir au 27 rue des Bluets (Métro Ménilmontant ou Père Lachaise, entrée libre et gratuite), le lundi 22 septembre à 20h30
Laure Murat,
historienne et professeur au département d’études françaises et francophones de l’Université de Californie – Los Angeles (UCLA)
Elle est notamment l’auteure de L’homme qui se prenait pour Napoléon. Pour une histoire politique de la folie, paru chez Gallimard en 2011 (réédité en Folio Poche en 2013) ainsi que La maison du docteur Blanche : Histoire d’un asile et de ses pensionnaires, de Nerval à Maupassant (Lattès, 2001).
Le travail de Laure Murat nous intéresse au premier plan pour penser l’articulation fondatrice d’Utopsy - clinique et politique - à partir d’une autre focale, celle de l’Histoire. Ce point de connivence en recouvre un autre car, à la lecture, la démarche de Laure Murat s’apparente à une clinique de l’Histoire : elle va au chevet des délires qui montrent ce que la société d’alors ne veut ou ne peut voir. Elle ouvre une perspective « sensée » là où il était supposé n’y avoir que déraison, démarche pour nous fondatrice dans le travail avec la psychose.
Dans L’homme qui se prenait pour Napoléon, Laure Murat reprend les archives des internements psychiatriques pendant les révolutions qui bousculent le XIXème siècle : de 1789 à la Commune en passant par les journées de juillet (1830) et la monarchie de 1848. A la lecture, nous comprenons dans le détail des vies infimes des aliénés, les objets politiques de leurs délires et le traitement qui leur sont réservés par les aliénistes ainsi que les débats qui ont cours au sein des sociétés savantes quant au statut des révolutions sur la psyché. La trace de ces événements se trouve encore aujourd’hui dans la langue avec l’expression « perdre la tête » qui naît avec la Guillotine et les premiers essais de Pinel et de Pussin pour faire du traitement moral une thérapeutique active des aliénés.
Dans ses écrits, à travers certaines monographies (Sade, Théroigne de Méricourt, Nerval, Maupassant), Laure Murat nous fait entrer dans les détails du fonctionnement des asiles de l’époque. Avec une grande vitalité d’écriture, elle nous montre en quoi, historiquement, la psychiatrie est une machine politique et comment la folie dit quelque chose du politique, ce que Davoine et Gaudillère articulent dans un ouvrage comme Histoire et Trauma, la folie des guerres pour penser la clinique analytique de la folie.
Dans le postambule de L’Homme qui se prenait pour Napoléon, cette histoire politique de la folie que nous propose Laure Murat est mise en perspective avec les problématiques contemporaines du traitement politique de la folie. L’homme qui se prenait pour Napoléon se conclue sur le constat suivant : « Le délire, rempart du sujet contre son propre effondrement, a beaucoup à nous dire sur la violence politique, mais vouloir le réduire au silence et dissoudre ses traces menace en réalité une société bien plus qu’elle ne la protège ».
Comment penser les délires actuels et ce qu’ils tentent aussi de nous dire de l’Histoire à venir ? Comment penser aujourd’hui, à partir de ce passé, le rapport entre folie et politique nous semble d’autant plus important pour ne pas collaborer aux tentatives contemporaines tentant d’éliminer ou de faire taire la raison sous-jacente à toute déraison.
Mathieu Bellahsen pour Utopsy
utopsys@yahoo.fr
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Prochaines rencontres prévues :
Lundi 3 novembre : José Morel Cinq Mars, psychologue clinicienne et psychanalyste, autour de son ouvrage Du côté de chez soi. Défendre l’intime, défier la transparence, Seuil 2013
Lundi 26 novembre : Patrick Coupechoux, journaliste, pour son ouvrage : Un homme comme vous, Le seuil, 2014
Lundi 5 janvier : Pierre Kammerer, psychanalyste, auteur de L’enfant et ses meurtriers, Gallimard, 2014
Lundi 26 janvier : Christophe Chaperot, psychiatre psychanalyste, chef de secteur à Abbeville autour de son livre à paraître : Formes de transfert et schizophrénie. Toulouse, Erès, coll : Des travaux et des jours, 2014
Lundi 9 mars : Alain Gillis, psychiatre et phénoménologue, autour d’une introduction à la clinique phénoménologique